Après l'opulence de dorures et d'ornementations de l'Opéra Garnier la semaine dernière, je vous propose de changer radicalement de style avec le pavillon Mies van der Rohe à Barcelone. Je vous en avais déjà donné un petit aperçu dans le premier article. Lors d'un séjour à Barcelone il y a quelques années (d'autres photos du patchwork architectural barcelonais viendront bientôt...), j'avais été marquée par cet édifice aux lignes très pures. C'est une architecture qui évoque un espace ouvert, frais, méditerranéen (par l'utilisation du marbre notamment). C'est un lieu de recueillement, de quiétude, un peu pétrifié aussi.
Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) est un architecte allemand que l'on peut situer dans la nébuleuse du modernisme (Le Corbusier, Gropius et école du Bauhaus dont Mies van der Rohe occupe la fonction de directeur de 1930 à 1933 avant d'émigrer aux Etats-Unis). Son style se caractérise par la recherche d'une architecture dépouillée construites autour de lignes de forces visibles. Pour cet architecte "Less is more", la sobriété décorative faisant ressortir la structure de l'édifice, le vide met en valeur le tout.
Ce pavillon a été construit pour représenter l'Allemagne à l'exposition universelle de Barcelone en 1929. Comme beaucoup de constructions temporaires, le pavillon a été détruit à la fin de l'exposition. Mais son impact dans l'histoire de l'architecture fut tellement important, que le pavillon est reconstruit fidèlement en 1981-1986 et se visite encore aujourd'hui (il y a sur le site de la fondation des photos de détail intéressantes). Après cette expérience, Mies van der Rohe construira un autre édifice célèbre et similaire : la maison Tugendhat de Brno (1930). On y retrouve les mêmes grandes baies vitrées horizontales qui assurent la transparence et la fluidité entre intérieur et extérieur.
Le pavillon de Barcelone est un édifice tout en longueur composé d'éléments rectangulaires, deux constructions ouvertes et deux bassins. Les parois externes sont vitrées alors que les murs internes sont en marbres colorés. La structure est soutenue par huit poteaux cruciformes en acier. Le tout forme un ensemble de lignes droites dynamisées par le contraste horizontal/vertical.
J'aime particulièrement l'utilisation simple des matériaux (marbre, travertin, onyx, acier), sans ornementation. De plus, les matériaux projettent leur couleur dans tout l'espace formant des grands plans colorés. L'espace interne est animé par ces jeux de couleur avec des transparences et des reflets métalliques et minéraux.
L'édifice crée une impression forte d'espace sans délimitation où l'intérieur et l'extérieur, la verticalité et l'horizontalité, la transparence et l'opacité se confondent.
Sur cette photo on voit les fauteuils dessinés par Mies van der Rohe pour l'exposition,
les "fauteuils Barcelone" reproduits en série et devenus par la suite de célèbres objets de design.
Ces effets sont amplifiés par la présence des deux bassins. La rigueur apaisante du bassin extérieur me plait beaucoup.
Le bassin interne présente la statue "le Matin" par Georg Kolbe considérée par les spécialistes comme une référence à l'ordre classique sur lequel s'appuie la réflexion de Mies van der Rohe. Cette sobriété était à l'époque souhaitée par les commanditaires pour représenter la république de Weimar : "clarté, simplicité, honnêteté" (Georg von Schnitzler, commissaire de la représentation allemande).
Après la chaleur et le velours rouge de l'opéra Garnier la semaine dernière, j'espère que ces photos estivales du pavillon Mies van der Rohe vous auront rafraichi ! Pour ceux qui me suivent, je resterai sur la base d'un billet publié par semaine. Le second épisode de la série des photos de Bordeaux arrive bientôt !
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